mercredi 9 mai 2018

Interview et Tag: ceci ou cela ? de Victor Boissel

1 Présentez-vous en tant qu'auteure.
Depuis l’enfance, je suis fasciné par les histoires et les enseignements qu’elles portent. D’abord je l’ai été en tant qu’auditeur et lecteur. Ensuite je l’ai été en tant que conteur et rapporteur. Et enfin, naturellement, en tant qu’auteur. Je crois qu’à partir d’observations, même habilement compilées et articulées, on ne peut que transmettre qu’une substance brute, difficilement accessible et encore plus délicatement exploitable. Mais lorsque ces observations sont assorties de constructions dramatiques, qu’elles sont portées par des personnages et inscrites dans des histoires, non seulement sont-elles plus parlantes, mais elles sont aussi distrayantes, amusantes, dérangeantes, séduisantes, éclairantes... et plus aisément mémorisables et transmises.
Je me vois donc comme un conteur-observateur ou un observateur-conteur.

2 Qu'est ce qui vous a donné envie d'écrire ? Depuis quand écrivez-vous ?
Ce qui m'a donné l'envie d'écrire, c'est le partage. Le partage des mécanismes que j'ai détectés en tant qu'observateur. Le partage des émotions que j'ai ressenties en tant que conteur.
J'observe et je conte d'abord pour moi-même. Et quand je suis satisfait d'une observation ou d'une histoire (drame, personnages, enjeux, ton), alors vient l'envie d'en faire profiter d'autres et avec elle le projet de la coucher par écrit. Il me semble que ces envies sont nées dès mon plus jeune âge, avant même que je sache écrire. Mes premiers vrais récits écrits se trouvaient dans des correspondances, vers l'âge de 15/16 ans. Et les récits ont gagné en construction, longueur et profondeur progressivement jusqu'à mon premier roman, vers l'âge de 25/26 ans.

3 Quel est votre dernier roman coup de coeur ?
Cela peut sembler paradoxal, mais même si j'écris des romans, je lis beaucoup plus d'essais, de textes historiques et scientifiques, de théâtre, de contes que de romans. Cela est dû au fait que je suis souvent déçu par les romans, alors même que certains m'ont profondément ému voire bousculé, cela reste statistiquement rare. Donc mon dernier roman coup de cœur doit être vieux ;p
Je peux en citer deux qui ont une place importante pour moi : La promesse de l'aube de Romain Gary et Les croisades vues par les Arabes d'Amin Maalouf.

4 Y a-t-il des livres qui ont inspiré vos romans ?
Il y a des livres dont certains ingrédients m'ont inspiré, éclairé, motivé, certaines zones de brillance que j'ai cherché à capter. La construction des personnages dans Les trois mousquetaires et Le comte de Monte-Cristo de Dumas.
L'intrication des trames dramatiques dans Les misérables de Hugo.
L'intimité de la narration dans Bel-Ami de Maupassant.
La puissance des enjeux dans Britannicus de Racine et dans Horace de Corneille.
La profondeur et la cohérence du monde inventé dans Le seigneur des anneaux de Tolkien.
La finesse et l'intelligence des mécanismes du mythe dans Dune de Herbert.
La clairvoyance des projections dans Fondation de Asimov, et sa capacité à traiter une grande trame générale à travers des personnages singuliers sur lesquels il fait sa "mise au point".
Le perfectionnement des systèmes de domination dans 1984 de Orwell (avec une mention spéciale pour le ministère du dictionnaire).
Je pourrais continuer la liste, parce que, lorsque je lis, je repère les éléments qui m'apparaissent notables, émouvants, intelligents, drôles, profonds... et une fois repérés, quand je le peux, je les fais mien. En ce sens, les livres qui m'ont inspiré sont nombreux, même lorsque l'inspiration en question n'a pour spectre qu'un fragment de l'oeuvre. Par exemple, j'ai cité Tolkien dans ma liste mais j'ai peiné dans la ma lecture de son Seigneur des anneaux. Je lui reconnais volontiers d'avoir été un formidable constructeur de monde mais je n'ai pas adhéré à sa façon d'aborder le drame et la péripétie.
Donc il peut même y avoir du bon à prendre dans les romans qui n'emportent pas mon adhésion globale. Et l'inverse est valable. Je peux reconnaître de profondes carences dans des textes que j'aime beaucoup. Fondation, de Asimov, lui aussi cité plus haut, me semble très bien pensé, bien vu, bien construit et satisfaisant d'un point de vue dramatique... mais je ne peux m'empêcher de subir la pauvreté stylistique. Et pourtant j'aime Fondation et je le relirai encore et je l'offrirai encore ;p

5 Travaillez-vous sur un nouveau roman si cela n'est pas trop indiscret ?
Je travaille toujours à la documentation et à la préparation d’un grand roman intitulé Les Parias de Babylone, dont la phase de rédaction débutera en fin d’année (www.lespariasdebabylone.com).
En parallèle, j’écris des contes et des nouvelles qui verront bientôt le jour, la prochaine en date sera Un air enlevé, une nouvelle inscrite dans un recueil de douze nouvelles, portées par douze auteurs et dont le thème est la féminité. Ce recueil est le second du genre, il s’agit d’associer douze plumes disparates pour réaliser un livre dont les produits de la vente reviennent à la Fondation. Elle pour l’émancipation des femmes.

6 Que ressentez-vous avant la sortie d'un de vos romans ?
Une profonde sérénité et un total détachement.
(On peut mentir à la question 6, n'est-ce pas ?)
Hum.
Impatience, appréhension, doute, appétit de retours de lecteurs... au moins tout ça ;p

7 Avez-vous une habitude d'écriture ?
Mille !
Je prends des notes tout le temps. Sur les notes de mon téléphone, sur papier, je m'envoie des sms dès que j'ai une idée. Et au moment d'écrire, je dessine : les trames dramatiques, les profils des personnages, les plans des bâtiments clefs, les chronologies. J'ai toujours plusieurs écrans autour de moi en phase de rédaction. Le traitement de texte, les outils d'écriture (plusieurs dictionnaires), les sources documentées, mes notes.
En phase de rédaction, je me freine en fin de journée pour me ménager et conserver le feu et l'énergie pour le jour suivant. Donc je cesse d'écrire avant d'être fatigué et à un moment que j'ai envie de poursuivre. En revanche, le matin, il peut m'arriver de me mettre à écrire immédiatement après avoir ouvert les yeux, sans douche ni café, avant de faire une pause et de m'y remettre.
Je fais régulièrement des boucles en marchant dans mon salon à mesure que je traite tels ou tels passages qui me tiennent à cœur.
J'ai quelques amis à qui je raconte ce que j'écris presque en temps réel. Parfois de petits points de détail, parfois les grandes lignes, parfois les concepts abordés... en révélant un envers du décor et en tentant de ne pas divulgâcher (j'aime le rapport des Québécois au français ;p).

8 Que représente l’écriture pour vous ?
Un voyage tissant le réel et l'inventé, l'observé et le ressenti.
En écrivant je veux voyager et faire voyager.

9 Appréhendez-vous les retours sur vos romans ? 
En aucun cas. Je ressens une profonde sérénité et un total détachement.
(On peut mentir à la question 9, n'est-ce pas ?)
Hum.
Impatience, appréhension, doute, appétit de retours de lecteurs... au moins tout ça ;p

Questions du tag 
1 Lire sur un canapé ou dans un lit ? Les deux ! et à une table de travail quand les lectures appellent une prise de notes.
2 Protagoniste féminin ou masculin ? J'ai une inclination pour les personnages féminins, mais je suis bien obligé d'avoir quelques personnages masculins de temps à autre ;p

3 Thé ou café en lisant ? Souvent c'est un ersatz de café qui m'accompagne. De la ricoré. Parce que si j'avalais les mêmes quantités de café je serais un grésillement ambulant ;p
4 Série ou one-shot ? Plutôt des ouvrages indépendants. Même s'ils peuvent être très longs. Ce qui sera le cas des Parias de Babylone.
5 Point de vue à la première ou à la troisième personne ? La troisième personne a ma préférence. Il arrive que la première personne corresponde mieux à certains textes mais pour moi cela reste rare.
6 Lire le matin ou le soir ? Matin et soir pour les lectures "documentation" (essai, histoire, science).
Soir pour les lectures "distraction".
7 Librairies ou bibliothèques ?  Ce sont rarement des endroits où je lis. Je repère, je consulte, je commande ou j'emprunte mais je ne stationne pas là. Je suis plus à l'aise pour lire chez moi.
8 Lecture avec ou sans musique ? Généralement sans. Et quand c'est avec musique, c'est à très faible volume et sans paroles.
9 Livre papier ou ebook ? Les deux !
Papier parce que j'aime l'objet et sa tenue, son contact et parfois son odeur. 
Format électronique parce que je peux avoir beaucoup de livres concentrés en un petit volume
et que je peux choisir la police de caractère, la taille et, ultime confort du soir, lire en blanc sur
fond noir.

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